Mon père m'emmenait tous les dimanches
Mon père m'emmenait tous les dimanches
J'me souviens que mon père m'emmenait tous les dimanches
voir l'Amérique en couleurs sur une toile blanche.
Paraît que c'était là qu'on aurait notre revanche,
on partait toujours de bonne heure.
Ma mère et mes sœurs débarrassaient la table,
j'oubliais l'ennui tout au fond de mon cartable,
je courais dans l'escalier sans me sentir coupable,
je dépassais même l'ascenseur.
Sur le boulevard, on marchait sans rien dire.
On se sentait déjà si loin.
C'était pas difficile de prédire
que tout ça nous mènerait pas loin.
Près de l'arrêt des bus, il parlait de nos voyages
et de la maison qu'on aurait sur le bord d'une plage.
Son coupé Chevrolet pour faire des ravages,
il y croyait pas moins que moi.
Il disait que pour sortir de la foule,
faut rêver de tout ce qu'on a pas.
Parfois quand je vois le ciel qui s'écroule,
j'aimerai bien entendre sa voix.
Je le suivais dans le ciné sans regarder l'affiche.
Y me disait : "y a des salles où personne ne triche.
A la fin de l'histoire, t'es mort ou t'es riche.
Surtout t'endors pas"
Je me calais dans le fauteuil de velours rouge,
je voulais que ma vie soit comme ça.
Un film en couleur où tout bouge.
Une séance qui finit pas, finit pas.
Plus tard on rentrait dans la nuit tendre.
Je calquais mes pas sur ses pas.
Je me cachais parfois pour l'attendre.
Maintenant c'est lui qui est plus là.
Je m'y ferai pas.
Nananananananana, je me souviens
Nananananananana, je me souviens
Nananananananana, oui je me souviens
Nananananananana, oui je me souviens