La cité fantôme


Deux

 

La cité fantôme

 

Y avait plus que nous dans la nuit pour dire que tout est permis

pendant que la radio crachait ses chevrotines.

On avait pas besoin d'espoir, on s'était trouvés dans le noir.

Monsieur Durand pouvait brader ses combines.

Au dessous des néons qui pleurent, on allait pas demander l'heure

au tambour-major de l'armée du salut.

Le long du trottoir d'en face, les sirènes aux lèvres lasses

nous retrouvaient tous les souvenirs qu'on avait jamais perdus.

 

Mais juste au bord de la cité fantôme,

quand j'ai plus rien eu à boire, t'es pas venu me faire l'aumône.

Oui, juste au bord de la cité fantôme,

quand j'ai perdu la mémoire, t'es pas sortie de ton royaume.

Et juste au bord de la cité fantôme

quand j'ai plus rien eu à croire, t'as pas repeint les icônes.

Est-ce que tu descends de ton trône maintenant

pour le seul plaisir d'y remonter.

Est-ce que tu comprends que je manque un peu de temps

pour pouvoir encore t'écouter.

 

On a brûlé nos mirages, et même le ciel pleurait de rage,

on entendait les larmes couler dans les rues.

Sur le radeau de la Méduse, avec les marins qui s'usent,

on comptait les étoiles dans le front des pendus.

La lune était bien trop pleine, tous les fous brisaient leurs chaînes,

on les regardait sauter du pont suspendu.

Quand le vent nous crachait ses doutes, on répondait "Qui t'écoute ?",

on savait même pas que les trains du soir s'étaient tous perdus.

 

Mais juste au bord de la cité fantôme,

quand j'ai plus rien eu à boire, t'es pas venu me faire l'aumône.

Oui, juste au bord de la cité fantôme,

quand j'ai perdu la mémoire, t'es pas sortie de ton royaume.

Et juste au bord de la cité fantôme

quand j'ai plus rien eu à croire, t'as pas repeint les icônes.

Est-ce que tu descends de ton trône maintenant

pour le seul plaisir d'y remonter.

Est-ce que tu comprends que je manque un peu de temps

pour pouvoir encore t'écouter.

 

Sur les toits, le jour qui grince m'a dit que mes chances étaient minces,

toi, t'as revendu mes soupirs à tous les pantins perdus.

 

Mais juste au bord de la cité fantôme,

quand j'ai plus rien eu à boire, t'es pas venu me faire l'aumône.

Oui, juste au bord de la cité fantôme,

quand j'ai perdu la mémoire, t'es pas sortie de ton royaume.

Et juste au bord de la cité fantôme

quand j'ai plus rien eu à croire, t'as pas repeint les icônes.






01/11/2007

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