Barcelone
Deux
Barcelone
Petit Jo traîne sur le port de Barcelone,
il a veillé toute la nuit, c'est normal qu'il reconnaisse plus personne.
Au-dessus de la ville, il voit monter les fumées,
le trottoir est un miroir mais Petit Jo veut pas se regarder.
Tout tangue, il a du plomb sur la langue.
Dans la chaleur de la nuit,Petit Jo vient guetter l'amnésie.
Soudain y a le poids d'une main qui se pose sur son dos
Une voix mystérieuse murmure : "seriez-vous le fameux Petit Jo" ?
"C'est bien comme ça qu'on m'appelle" et puis
"Vos nouvelles sont-elles cruelles" ?
La voix répond : "moi je passais juste par là,
j'arrivais plus à dormir et mes remords me faisaient gémir".
"Depuis plus d'un an, je recherche Petit Jo
pour une femme nommée Rita, toi t'as ce nom marqué dans ton dos."
"Sainte Rita" répond petit Jo, "je me souviens qu'elle était belle
malgré son or et malgré ses perles".
"Tu sais", dit la voix, "tes souvenirs sont ingrats,
je vois son ombre là-bas,tu devrais parler beaucoup plus bas.
D'ailleurs, si ma mémoire est toujours bonne,
elle a souvent payé pour ce qu'on lui donne,
écoute".
Y a toujours un carillon qui résonne
au-dessus du port de Barcelone.
Même si son air est monotone,
il peut pas chanter pour personne.
Y a toujours un carillon qui résonne
au-dessus du port de Barcelone.
Petit Jo, ça l'a tant troublé cette histoire
Qu'il s'est tourné vers la voix disant :"Qu'est ce qui me force à vous croire ?"
"Vous m'étonnez", répondit l'autre, "et la cage
où vous mettez vos souvenirs a pourtant dû garder mon image".
"C'est vrai", dit Petit Jo, "maintenant je sais qui vous êtes,
vous venez d'un rêve ancien, mais ma mémoire est pas toujours prête.
Ces mots résonnent sous les arcades de la gare
quand le train du matin siffle et la voix dit :"Moi je crains d'être en retard"
et puis quelqu'un vous attend dans cette salle ici,
faudra pardonner le Bien comme le Mal".
Petit Jo reste là tout seul sur le quai,
sans même voir venir Rita; c'est à son parfum qu'il la reconnaît.
Au-dessus du port, il regarde le téléphérique
et la statue du marin qui montre encore du doigt l'Amérique.
Rita s'est approchée d'un pas,
elle est venue des collines et sa voix lui murmure : "Imagine".
Y a dans cette ville près des casernes de la gare
Un gorille blanc dans un zoo tout seul et ses deux yeux nous regardent
Jo dit "ta voix sonne toujours comme avant"
et puis "j'ai rien su garder mais tout s'apprend".
Y a toujours un carillon qui résonne
au-dessus du port de Barcelone.
Même si son air est monotone,
il peut pas chanter pour personne.
Y a toujours un carillon qui résonne
au-dessus du port de Barcelone.