Salomé

Les enfants des ténèbres et les anges de la rue

 

Salomé

 


 

Quand je l'ai vue traîner le long de mon avenue,

malgré ma canne blanche, je l'ai vite reconnue.

Avec ses yeux peints couleur mélodrame,

on fait tout ce qu'on peut du temps et de son âme

 

J'attendais la nuit à l'ombre de l'usine.

Je regardais ma vie comme un vieux magazine.

Le vent était chaud, le ciel plein de rouge.

Elle marchait sur un bateau qui bouge.

 

Elle est venue vers moi pour m'apprendre mon rôle,

quand ma solitude n'était vraiment pas drôle.

J'ai senti l'orage quand ma voix s'est cassée,

mais déjà je dansais comme un clown sur la trace

de Salomé.

 

Y avait dans son lit quelques cartes égyptiennes.

Elle m'a demandé de deviner la mienne.

Plongeant dans mes yeux, elle jouait les sirènes,

moi j'étais son fou, elle était ma reine.

 

Avant de sortir, j'ai volé toutes ses cartes.

J'en ferai des souvenirs pour ses amants qui partent.

Elle semblait dormir, j'ai cru qu'elle rêvait,

ma chance est fragile, fallait pas l'user.

 

Descendant ses marches, j'ai pas fait de vacarme,

mais j'ai vu ce fou se pendre au signal d'alarme.

Une fois dans la rue, j'ai enfin respiré.

Il pleuvait mais le vent de minuit a chanté

pour Salomé.

 

J'entends le pauvre Oscar appeler Saint Jean-Baptiste

Pour lui demander si le temps qui passe existe.

Sur le bord du puits, quand l'autre a maudit

l'ombre en plein midi, personne n'a compris.

 

Oscar est parti sous la nuit d'équinoxe.

Il a juste laissé sa paire de gants de boxe.

Tout était en place, le rideau s'est levé,

les juges ont crié : "place aux condamnés".

 

Tout ça peut paraître une bien étrange histoire.

La morale est loin dans le fond de ma mémoire.

Une bille a sonné comme un vieux bouclier.

quand le vent tournera qui venait me parler

de Salomé.






22/10/2007

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